Ouvrez grand vos oreilles

LES PARRAINS

José Artur

JOSÉ ARTUR

La radio m’a choisi à vingt ans, c’est moi qui l’ai adoptée pour la vie. Du poste à galène au numérique, elle permet de rêver, de planter son propre décor.Pour échanger un royaume pour un cheval, la radio coûte mille fois moins chère que la télé.
Le sublime récit de la mort de Britannicus par Burrhus y serait écrasé par un décor, détruit dès le lendemain. La radio est donc indétrônable, elle a réussi à supprimer l’image.Elle a évité, les humiliants jeux des télés où les participants se cotisent pour comprendre. La radio est simple comme bonjour : Des notes et des mots qui s’entrechoquent et s’harmonisent. « Tu me parles et je te réponds »
Pour ma part, au POP Club pendant 40 ans, j’ai inventé l’interview monologue, et j’ai su choisir quelques assistants meilleurs que moi.
Mis à la retraite prématurément à 84 ans, je garde un souvenir curieux de la radiodiffusion française et de sa maison ronde.
La radio n’a pas seulement contribué à épanouir la culture à la porte de tous, elle l’a rendue sonore.”
José Artur


Comédien, journaliste, animateur de radio, commandeur des Arts et lettres, médaille d’or de la SACEM et médaille Beaumarchais et 2ème accessit au concours de sabre du Perros-Guirec. José Arthur, né le 20 mai 1927 à Saint- Germain-en-Laye est un homme de radio. D’abord comédien (Le Père tranquille de Noël-Noël au cinéma en 1946, Le Voleur d’enfants de Jules Supervielle au théâtre en 1948), c’est à la radio qu’il excelle dès 1965, en présentant le Pop Club, émission-culte de France Inter qu’il anime jusqu’en 2005. La longévité historique de cette émission, avec un même présentateur, est due en grande partie au style à la fois raffiné, volubile et humoristique du présentateur. Parallèlement, il anime d’autres émissions de radio pour France Inter et des programmes consacrés à l’actualité théâtrale pour la télévision. Auteur de plusieurs livres comme Micro de nuit (1974), Parlons de moi, y’a que ça qui m’intéresse (1988) (prix Alphonse Allais 1988, prix Courteline), les Pensées de José Arthur (1993), Au plaisir des autres (2009), J’ose en rire (2011).


Amaelle Guiton

AMAËLLE GUITON

J’ai 10 ans, au pied du sapin de Noël. Ce matin-là, pour mes petits frères, des boîtes de Playmobil ; pour moi, un transistor à piles.
Ce matin-là je fais la gueule. Ce n’est pas un cadeau, puisque ce n’est pas un jouet. Un jour ou l’autre il meurt – d’épuisement, de vieillesse... Ce matin-là, je pleure. Petit drame de l’adolescence. D’autres le remplacent, puis d’autres objets. Peu importe. Seul importe le fil des voix, des bruits, des notes... Surtout, ne jamais le rompre. Au réveil. Au boulot. Dans le salon, le soir. Sous les draps. Parfois, aussi, le long des insomnies.
L’oreille collée à un capteur de pulsations : celle qui court en bas de la rue, celle qui sourd de l’autre côté du monde. Capteur d’évolutions, de révolutions.
Avec ce que les autres n’auront jamais, couleur, chaleur, texture. Un jour, ne plus être seulement du côté de ceux qui écoutent ; aussi du côté de ceux qu’on écoute.
À son tour capter les pulsations. Les laisser résonner en soi. Entendre, donner à entendre. Chercher et donner à comprendre. Avoir la certitude d’avoir trouvé sa place, sa juste place. Ce n’était pas un jouet, mais c’était bien un cadeau.”
Amaëlle Guiton


A tout juste 37 ans, Amaelle GUITON entre dans le cercle très fermé des «patrons» de matinale. Elle a fait ses classes dans la presse écrite avant de devenir une addict du micro. D’abord à Radio Néo, où elle anima les sessions acoustiques, puis à Radio Nova. Elle débarque au Mouv’ en 2008 et co-anime le Midi2 aux côtés de Philippe Dana de 2010 à 2011.Des études très sérieuses (Sciences Po) l’ont rodée au décodage du discours ultra-formaté des politiques et au décryptage des grands enjeux liés à l’actualité sous toutes ses formes.


Marie Richeux

MARIE RICHEUX

D’abord, le son fut une question de mémoire. Comment garder traces des voix, des récits, de l’instant. Le son comme l’obsession, certainement illusoire, à rendre compte du temps et des êtres. Un magnéto et quelques cassettes. Un dictaphone dans la poche. Un Nagra. Et puis pratiquer la radio chaque jour me l’a faite inscrire dans un présent extrêmement palpable.
Ce qui advient là, en direct, appartient à un moment qu’il s’agit de créer, d’imaginer et d’écrire, avec la conscience, forcément aigue sur une radio comme France Culture, que ce moment fera partie d’un patrimoine sonore, beaucoup plus grand que nous.A l’heure où l’on parle de la nécessité multimédia, il me semble important de souligner que par essence, la radio l’est.
Multimédia, multi sensorielle.
Si elle sollicite les oreilles, seulement les oreilles, elle laisse le reste libre de faire. Les yeux libres de créer les images. Le corps libre d’être touché ou en mouvement. Le nez libre d’imaginer les odeurs. Le palais libre d’écouter les goûts. La radio c’est enfin, le plus singulier des liens tissé par les voix.
Le grain. Les voiles. Les tessitures. C’est du matériel par l’immatériel des ondes. Magique.”
Marie Richeux


C’est pendant son parcours universitaire que Marie Richeux découvre le monde de la radio. Elle collabore un été avec Brice Couturier pour l’émission « Contre Expertise » avant de terminer son Master de Direction de Projets Culturels à la Sorbonne Nouvelle. Elle travaille ensuite pour plusieurs émissions, puis pose ses valises pendant un an auprès de la direction de FIP. Elle reprend finalement le chemin de l’université pour un deuxième des recherches à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. S’en suivent différents projets artistiques à la frontière de l’écrit, du son et de l’installation. Elle revient à la radio en 2009 avec quatre créations sonores pour les Passagers de la Nuit de Thomas Baumgartner. Depuis deux ans, elle produit l’émission quotidienne Pas la peine de crier sur France Culture.